Tom Carr Le Noël de Tom Carr

Exposition
16 décembre 2003

L’indépendant 24 décembre 2003

Noël renversant au musée, avec la crèche verticale de Tom Carr

Le plasticien barcelonais Tom Carr joue les Pères Noël au musée d’art moderne, avec la complicité des enfants de Céret. Sa crèche verticale invoque le ciel et son éphéméride vidéo en fait voir de toutes les couleurs à ce cher sapin, roi décoré.

L’art, c’est un peu comme le Père Noël. Tout est histoire d’imagination. Les artistes n’en manquent pas, eux qui passent leur temps à la provoquer, la confronter au réel pour élaborer leurs propres créations.
Sapin, crèche, nativité chargent la symbolique de Noël, fête de l’enfance mais aussi de l’abondance.
Le musée d’art moderne se met au diapason en confiant à Tom Carr le soin d’allumer intra muros la petite flamme de Noël.
Tom Carr est le plasticien qui avait présenté, il y a un an dans ce même musée, ses sculptures éclatées sous l’intitulé de « Cycle et coïncidence ». La conservatrice Joséphine Matamoros a fait de nouveau appel à lui pour concevoir ce Noël au musée. Mais vous l’aurez compris, art contemporain oblige, ce n’est pas sous l’angle de la tradition douillette que l’artiste a traité le sujet.
Dans de vieilles affiches. Tom Carr a travaillé sur l’image. L’image traditionnelle comme l’image contemporaine. Une imagerie qu’il a d’abord confiée aux enfants de l’atelier pédagogique du musée qui, pendant deux mois, ont réalisé quelque 500 figurines de papiers.
On a mis à leur disposition tout un stock de vieilles affiches du musée dans lesquelles les artistes en herbe on allégrement dessiné et découpé leurs sujets. Le Petit Jésus certes, Les Rois Mages, le bœuf, l’âne, les grands classiques, mais aussi des cyclistes, des maisons, des palais des mille et une nuits, des palmiers, des arbres, des voitures, toute une foule de personnages, d’animaux, d’anges et autres. Bref tout ce qui fait partie de leur monde, de leur quotidien comme de leur imaginaire. Tom Carr leur avait laissé carte blanche.
Bas-relief de papier. Il a collectionné ensuite toutes ces figurines où l’on retrouve l’histoire du musée à travers ces fragments d’affiche. Tom Carr les a collés à la verticale sur le grand mur du hall d’accueil grimpant vers le vélum. Ce qui donne une crèche suspendue au-dessus de la tête du visiteur, étendant son foisonnement ludique sur la page blanche de cette grande portée murale. Un angle original et peu habituel pour contempler ce bas-relief de papier. Renversant !
Autre versant de cette animation par l’image – celle-ci vous obligera moins à lever le nez vers le ciel-, la projection vidéo installée au fond du hall, avant l’entrée des salles du musée.
Peinture numérique. Tom Carr a créé des images sur ordinateur. Peinture numérique, qui va devenir murale par le jeu de deux projecteurs placés de part et d’autre.
Là aussi, la symbolique sert de fil conducteur. 365 images comme le nombre de jours du calendrier, mêlant graphismes, abstractions, couleurs vives, fluorescentes, presque psychédéliques, défilent sur les murs.
Leur faisceau traverse un cône central, symbolisant le sapin, qui renvoit par le jeu de l’ombre chinoise, sa perspective sur l’image projetée. C’est du plus bel effet. Et ça défile sans aucune synchronisation, de manière toujours différente, toujours renouvelée. Là aussi l’imagination du visiteur trouve matière à s’ébahir, s’étonner, s’émerveiller.
Un peu comme l’enfant qui découvre ces paquets cadeaux devant son sapin qui lui font de l’œil.
L’art est aussi ce subtil cadeau qui permet aux plus grands de continuer à y croire.

Jacques Lahousse.