Patrick Saytour Patrick Saytour

Exposition
17 octobre 2003

Depuis le milieu des années 60, Patrick Saytour développe une œuvre caustique et critique qui déplace les données de la peinture et celles de la sculpture sur un terrain où le rapport à la création est constamment remis en cause.
Ses travaux se construisent à partir d’une grande diversité de matériaux et d’objets, apparemment banals ou insignifiants, qu’il récupère, amasse et conserve parfois très longtemps avant de leur trouver un emploi. Travaillés par des gestes familiers, domestiques, sans savoir-faire particulier (comme plier, trouer, découper), les toiles cirées, tissus imprimés, filets de pêche, fourrure synthétique et autres chutes de bois ou de cartons acquièrent une qualité particulière au sein des suites ou ensembles qui structurent sa pratique. Ils dessinent, proposent des couleurs, des formes, des motifs, ils règlent la question du format, de la composition, remettant ainsi en jeu les problèmes que pose la peinture. Loin de chercher à créer des formes, le travail du peintre consiste plutôt ici à les laisser advenir et à mettre en scène le processus qui a permis leur construction.
Au début des années 90, Patrick Saytour décide de recommencer son travail. Il reprend les gestes et les procédures à l’œuvre dans ses travaux des années 60 et 70. Fidèle aux prises de positions affirmées au sein du groupe Supports/Surfaces questionnant le langage de l’art autant que le statut de l’artiste ou de l’œuvre, il récuse toute primauté accordée à l’invention ou à l’inspiration et met en faillite l’idée de progression ou de hiérarchie entre pièces anciennes et récentes sensée gouverner le développement d’une œuvre.
Délivré de l’astreinte à la nouveauté, il poursuit une pratique de la peinture sans intention ni états d’âme, qui ne représente pas la réalité mais que la réalité produit. Ce nouveau dispositif ouvre des perspectives innombrables, impossibles à chiffrer si bien que Patrick Saytour a fini par les évaluer à 50 000. Ses travaux se décomptent aujourd’hui à partir de ce nombre. Le Musée de Céret accueille les travaux récents de Patrick Saytour.
En écho aux Chroniques, de 1995, une suite entreprise en 2002 et toujours en cours, réemploie des chutes d’Isorel perforé, de carton, de contreplaqué ou de Balatum (un matériau que l’artiste a déjà employé par le passé).
La forme non préméditée de la chute sert de modèle, elle est multipliée par quatre. Les doubles ainsi obtenus sont utilisés à l’endroit et à l’envers tandis que leurs découpes génèrent d’autres chutes prises à leur tour pour modèles. De plus en plus complexes, les formes s’affichent au mur de manière aléatoire et composent à leur insu un tableau abstrait.
Une suite initiée en 2001 et close en 2002 exploite les ressources de toutes sortes de filets de pêche. Fixés à des formes circulaires – cerclages de bois ou de métal pour les œuvres de grande dimension ; tambourins, anneaux ou boîtes à fromage pour les plus petites- le filet se tend, se répand, ondule, tombe en drapé tandis que de multiples objets de bazar–pompons, élastiques, pinces à linges, plumes, jouets – viennent en ponctuer la surface.
Cet ensemble remet en jeu de multiples figures de la peinture, depuis le tondo ou le drapé des tableaux de genre jusqu’à la grille moderniste en passant par le motif décoratif.
Des séries de pièces en résine ondulée, de plus grandes dimensions (500 cm x 100 cm) présentent un travail de perforation du support par sciage ou par brûlage.
Cette exposition, coproduite avec Le Quartier , Centre d’art contemporain de Quimper, a donné lieu à la publication d’un catalogue qui documente les travaux récents de Patrick Saytour avec des textes de Christian Besson et de Muriel Lepage.