Hommage à Pierre Brune

Exposition
2 décembre 2016 - 21 avril 2017

Le musée d’art moderne de Céret rend hommage à Pierre Brune (1887-1956), à l’occasion du centenaire de l’arrivée du peintre à Céret, en 1916.

Né en 1887 à Epinay-sur-Seine, Pierre Brune est déjà engagé dans sa carrière de peintre lorsqu’il arrive à Céret en 1916. Ses vues de Paris, Marseille, Toulouse ou Montauban, conçues avec une couleur forte et une composition solidement structurée, ont été exposées au Salon des Indépendants en 1911, puis à la Galerie Eugène Druet à Paris en 1913. Le critique d’art André Salmon, qui baptisa Céret « La Mecque du Cubisme », rédigea la préface du catalogue de l’exposition chez Druet : « Pierre Brune, anxieux de certitude, veut avant tout reconnaître sa route ».

Réformé pour cause de maladie pendant la Première Guerre mondiale, Pierre Brune doit pour raisons de santé s’établir dans le Sud. Il s’installe en 1916 à Céret, dont Manolo lui a vanté les charmes. Il commence à peindre les rues et les places de la petite ville ainsi que la campagne et la montagne environnantes, dans des huiles aux couleurs assourdies où se décline toute la gamme des bruns.

Le Castellas, la maison qu’il bâtit sur les ruines d’un château sur les hauteurs de Céret, devient un lieu privilégié d’accueil et de rencontres avec tous les artistes de passage dans la région, dont de nombreux amis de Brune, rencontrés à Paris, notamment dans son ancien atelier de la cité Falguière à Montparnasse. Viendront ainsi au Castellas, reçus par Brune et son épouse Miette, Krémègne, Soutine, Loutreuil, Masson, Picasso… Le photographe Robert Julia réalise dans les années 50 de nombreux clichés de ces rencontres témoignant de la complicité entre Pierre Brune et ces artistes.

Encouragé par ces amitiés artistiques, Pierre Brune défend dès 1948 avec passion et ténacité la création du musée d’art moderne qui sera inauguré en 1950 et dont il deviendra le premier conservateur. Infatigable, il va à la rencontre des artistes et de leurs héritiers. Il est ainsi à l’origine, avec Pierre Camo et Michel Aribaud, de la constitution des collections du musée.

Le Castellas est aussi et surtout l’atelier du peintre. À travers une large baie vitrée ou depuis la terrasse, s’offre une splendide vue sur les jardins en contrebas, les platanes dont la futaie surplombe les toits de la ville. Pierre Brune réalise de très nombreuses vues depuis cet atelier. Les peintures à l’huile sont traitées dans un camaïeu de couleurs sourdes, principalement des bruns. Les toiles plus tardives et les aquarelles se caractérisent par une touche plus fluide, posée d’un geste libre qui laisse souvent apparaître le support et joue avec les pleins et les vides. En 1946, un incendie ravage le Castellas et une bonne partie de l’œuvre de Pierre Brune. L’artiste reconstruira avec ténacité sa maison.

Peintre de nombreux paysages de Céret dont on reconnaît immédiatement l’implantation des maisons aux toits orangés et le cadre montagneux, Pierre Brune est aussi un peintre de natures mortes et de fleurs, représentées pour elles-mêmes ou au sein de l’atelier cérétan ou d’un salon toulousain. Ces tableaux, plus colorés que les paysages à l’huile souvent déclinés dans une gamme de bruns plus ou moins chauds, ont pour motifs de simples bouquets de fleurs, un vase, quelques fruits, cruches ou compotiers. La composition et le cadrage des natures mortes mettent le plus souvent l’accent sur un objet ou un ensemble sobre, soulignant encore la modestie du sujet.

L’exposition regroupe ces trois thématiques (paysages de Céret, vues depuis le Castellas, natures mortes), présente un ensemble de photographies de Robert Julia montrant Pierre Brune chez lui ou en compagnie de ses amis artistes, ainsi qu’un ensemble documentaire évoquant le rôle essentiel joué par Pierre Brune dans la fondation du musée d’art moderne de Céret.

Peintre posant un regard attentif et respectueux à l’extrême sur tous ses sujets, paysages ou compositions, Pierre Brune est sans conteste devenu cérétan par son attention à son cadre de vie intime et naturel. Par sa personnalité qui le poussait à aller à la rencontre des autres artistes, sa ténacité dans le projet de création du musée d’art moderne, il a joué un rôle essentiel dans la vie culturelle cérétane.