Jean Capdeville

Né à Saint-Jean de l’Albère en 1917, Jean Capdeville décède à Céret en 2011.

Jean Capdeville commence la peinture en 1947, par « désœuvrement ». Profondément lié à la Catalogne, désireux d’exister hors du modèle parisien, il vit et travaille à Céret. Son œuvre témoigne d’une attention portée aux interrogations de l’art d’après-guerre : abandon au geste involontaire, retour à l’essentiel, révélation de la création « pure ».

Capdeville présente sa peinture abstraite lors d’une première exposition personnelle organisée en 1948 à l’hôtel de ville de Céret. L’artiste très tôt s’intéresse aux livres de poètes qu’il accompagne d’œuvres originales : Georges Badin, Gaston Puel, Edmond Jabés, et « Hommage à Simone Weil » dont les « notes » le bouleversent. À partir des années 1960, Capdeville passe quelques mois à Paris pour travailler à l’atelier de gravure de la galerie Maeght jusqu’en 1972, date à laquelle il rompt son contrat avec celle-ci.

Aux paysages figuratifs de ses débuts, toujours sans personnages, succèdent des micro-paysages presque abstraits, reflets d’eau, brindilles… Sa palette se réduit progressivement. Le noir s’affirme comme élément récurrent, mat amorti, il est chargé de contradictions : renvoi à la mort, notamment le deuil de ses parents, érotisme, humilité et pauvreté. Dans cette « esthétique de la disparition » font irruption des matériaux étrangers (matières plastiques, papiers froissés, papier calque, vernis…), des signes nerveusement tracés (croix, graffitis, chiffres ou signature), qui dérangent, déstabilisent un espace autrement voué à la passivité. Comme chez Tapiès, l’œuvre devient lieu de transgression, de mémorisation, de confidence amoureuse.

Jean Capdeville expose plusieurs fois au musée de Céret en 1967, en 1975 et enfin en 1988 pour une rétrospective conjointe avec le musée de Collioure. Le musée d’Art Hyacinthe-Rigaud (Perpignan) lui consacre une exposition en dialogue avec les œuvres de son neveu peintre Jacques Capdeville (né en 1953) sous le titre « Jean Capdeville et Jacques Capdeville. La pesanteur et la grâce » en 2018.