Pinkus Krémègne

Séjours à Céret de 1918 à 1981.

Krémègne suit des cours aux Beaux-arts de Vilnius en Lituanie où il rencontre Soutine. En 1912, il fuit la dureté que le régime tsariste réserve aux juifs et se rend à Paris. Il habite alors La Ruche avec Chagall, Modigliani, Léger, Lipchitz… À son arrivée Krémègne est sculpteur, mais il abandonne rapidement cette technique pour se consacrer uniquement à la peinture à partir de 1915. À cette époque son expression est très marquée par les références symbolistes.

Invité par Pierre Brune, il découvre Céret en 1918. Il y est rejoint en 1919 par son ami Soutine qui y restera presque deux ans tout en détestant la ville. À l’inverse, et comme sa production picturale en témoigne, Krémègne s’attache réellement à Céret et y fait des séjours réguliers jusqu’en 1960. Cette année-là il s’y fait construire une maison avec atelier dans laquelle il séjourne en alternance avec son appartement parisien jusqu’à sa mort à l’âge de 91 ans.

Son style tend alors vers une plus grande puissance expressive à mi-chemin entre la leçon de Van Gogh, pour le traitement des couleurs, et de Cézanne pour la construction des plans. S’y ajoutent des qualités propres de synthèse et de rigueur que l’on retrouve dans la multitude de toiles peintes à Céret à partir de 1918. Dans ces œuvres, les pâtes ont une matérialité épaisse, riche, largement travaillées au pinceau. Cet expressionnisme coloré apparaît dans la représentation d’un des quartiers de la ville : la Place du Barri à Céret. Dans les années 1950 l’organisation très claire des formes disparaît au profit de préoccupations chromatiques, les couleurs sont plus vives, les touches mouvementées et parfois même lyriques. Les maisons et les montagnes s’effacent devant la profusion de la végétation.

À partir des années soixante, Krémègne peint également de nombreuses vues d’intérieur : sa nouvelle maison et son atelier, des tables avec des victuailles, des natures mortes posées sur des chaises. Dans un esprit très contemplatif, il peint aussi la vue qui s’offre à lui depuis la fenêtre de l’atelier.

Le musée possède un bel ensemble de peintures de Krémègne, réalisées à la fin de sa vie, telles que Atelier I ou Entrée du couvent des Capucins, des paysages aux couleurs plus douces qui retranscrivent admirablement le jeu de la lumière mouvante sur les chênes et les oliviers. Les quatre dessins et dix peintures qui font partie de la collection ont, dans leur grande majorité, été données par l’artiste.